Aussi incroyable que cela puisse paraître, deux hommes, le photographe Sebastiao Salgado et Jadav Payeng , sur deux continents différents, avec des moyens colossaux pour l’un et dérisoires pour l’autre, ont redonner vie à des forêts éteintes ou quasi inexistantes. Une façon pour eux de montrer au monde qu’il est possible de « reconstruire la nature, de redonner vie à tout ce que l’on a détruit ». Ces actions poussent à réfléchir à la préservation de l’environnement, comme le réchauffement climatique ou la déforestation, mais la population mondiale est-elle toutefois prête à accepter les concessions que cela implique ?
Après la surexploitation… la luxuriance
C’est au Brésil, dans l’État de Minas Gerai, que le photographe Sebastiao Salgado et son épouse Leila, ont pris le pari fou de redonner vie à la forêt luxuriante Mata Atlantica, dévastée par le commerce intensif de bois et l’élevage de bétail. Ils commencent leur aventure en 1997, après avoir reçu en héritage une ferme familiale, jadis entourée par cette forêt.
Afin que ce projet puisse être réalisé, malgré les doutes de l’entourage de Sebastiao Salgado, notamment de son père, il fonde, avec Leila, l’Instituto Terra, et réussit peu à peu à transformer « cette terre déserte en un véritable parc national ». Avec son équipe, ils parviennent à développer une technologie pour la plantation de nouveaux arbres « sur une terre vieille, érodée, épuisée ». Il faudra plusieurs années à Sebastio Sagaldo, avant que les plants prennent. Toutefois, après avoir comptabilisé 60% de pertes des nouveaux plants la première année, le couple entouré de ses petites-mains, parvient à créer une pépinière « capable aujourd’hui de produire 1,2 millions de plants par an ».
Aujourd’hui, 15 ans après le lancement de ce projet, l’aventure du photographe ne s’arrête pas, notamment lorsqu’il est question de témoigner de la capacité de redonner vie à la planète, lors de conférences internationales. Il déclare, lors de la présentation de son projet, le 13 mars 2012, au Monaco Press Club, que plus d’1,9 millions d’arbres ont été replantés sur une surface de 800 hectares. Dans cette « nouvelle forêt », l’écosystème s’est naturellement reformé, la réintroduction de la faune s’est elle aussi faite naturellement, « comme un miracle, une résurrection », tels que des oiseaux, des insectes, des jaguars, et des caïmans, pourtant disparus de cette région depuis plus de 50 ans.
Un banc de sable aux couleurs de bambou
L’aventure de Jadav Payeng, originaire du Nord-est de l’Inde, dans un lieu que les habitants nomment Molai Kathani, « le bois de Molai », est un peu différente de celle de Sebastiao Salgado. En effet, Payeng a donné vie à une forêt sur un banc de sable de 550 hectares situé au milieu du fleuve Brahmapoutre (long de 2900 km).
Son projet prend forme en 1979 alors qu’il n’a que 16 ans, après avoir trouvé le banc de sable jonché de cadavres de reptiles, morts de chaud après une forte crue du fleuve. Payeng déclare dans le Courrier International, que cette découverte « fut le tournant de sa vie ». Malgré ses appels au secours, lancés en vain, auprès du Ministère des forêts, il décide d’arrêter ses études, de s’installer sur le banc de sable et de créer une forêt. Après quelques années d’arrosage quotidien et de taille des plants, il parvient à transformer le banc de sable en forêt de bambou, faisant ainsi mentir les propos du Ministère: « Ils m’ont répondu que rien ne pousserait ici et m’ont dit d’essayer de planter des bambous. C’était dur mais je l’ai fait. » Puis Payeng fit pousser « de vrais arbres », qui permirent une réadaptation naturelle de la faune: plusieurs animaux en voie de disparition comme le rhinocéros à une corne ou le tigre du Bengale se sont installés dans la forêt de Payeng, tout comme des vautours, des oiseaux migrateurs, des daims et du bétail.
Aujourd’hui, la forêt de Payeng est assurée d’avoir un long avenir devant elle, si l’on en croît les propos du conservateur assistant des Forêts, Gunin Saikia, concernant la contribution du Ministère au projet : « Payeng est incroyable. Ça fait trente ans qu’il est là-dessus. Dans n’importe quel autre pays, il serait un héros ».
Utopie et persévérance pourrait-elle réellement faire changer les mentalités d’une population mondiale mondialisée et matérialiste? Il est bon de croire que ce type de projet fou puisse avoir cette influence…
Sources: MonacoHebdo.mc, CourrierInternationnal.com